Shunryu SUZUKI: esprit zen, esprit neuf

Extraits du livre: "esprit zen, esprit neuf" de Shunryu SUZUKI.

Toutes les pensées égocentriques limitent notre vaste esprit. 

L'esprit de débutant est l'esprit de compassion. Lorsque notre esprit est compatissant, il est illimité.

Or d'habitude, sans en avoir conscience, nous essayons de changer autre chose que nous-mêmes, nous essayons de mettre en ordre ce qui est en dehors de nous. Mais il est impossible d'organiser les choses si vous-mêmes n'êtes pas en ordre. 

Tozan, célèbre maître zen dit: la montagne bleue est le père du nuage blanc. Le nuage blanc est le fils de la montagne bleue. Toute la journée, ils dépendent l'un de l'autre, sans être dépendants l'un de l'autre. Le nuage blanc est toujours le nuage blanc. La montagne bleue est toujours la montagne bleue. Ceci est une interprétation pure, claire, de la vie. Bien des choses peuvent être pareilles au nuage blanc et à la montagne bleue: l'homme et la femme, le maître et le disciple. Ils dépendent l'un de l'autre. Mais le nuage blanc ne devrait pas être gêné par la montagne bleue. La montagne bleue ne devrait pas être gênée par le nuage blanc. Ils sont tout à fait indépendants, et pourtant dépendants. C'est ainsi que nous vivons et que nous pratiquons zazen. 

Le véritable objet est de voir les choses telles qu'elles sont, d'observer les choses telles qu'elles sont, et de laisser passer toute chose comme elle passe.

Nous disons que votre pratique devrait être sans idée d'acquisition, sans aucune attente, même celle de l'illumination. 

Mais tant que vous pensez: "je suis en train de faire ceci" ou "je dois faire ceci" ou "je dois atteindre quelque chose de spécial", en réalité vous ne faites rien. Lorsque votre activité ne comporte pas d'idée d'acquisition, alors vous faites quelque chose. 

Ainsi, même si vous ne faites rien, vous faites quelque chose. Vous vous exprimez vous-même. Vous exprimez votre vraie nature. Vos yeux l'exprimeront, votre voix l'exprimera, votre attitude l'exprimera. L'essentiel est d'exprimer votre vraie nature de la manière la plus simple et la plus adéquate, et de l'apprécier dans le plus petit phénomène. 

L'essentiel est d'oublier toute idée d'acquisition, toute idée dualiste. 

L'être illuminé a un caractère de perfection et d'infini agrément pour lui-même et pour les autres. 

Ainsi la pratique sur laquelle nous insistons ne peut pas devenir trop idéaliste. Si un artiste devient trop idéaliste, il se suicidera parce que entre son idéal et ses capacités réelles s'ouvre une brèche, il commence à désespérer. C'est le chemin spirituel habituel. Mais notre chemin spirituel n'est pas aussi idéaliste. En un certain sens, nous devrions être idéalistes; cela devrait au moins nous intéresser de faire du pain qui a bon goût et l'air appétissant! La vraie pratique consiste à recommencer sans cesse jusqu'à ce que nous ayions trouvé comment devenir du pain. 

Le Zen n'est pas une sorte d'exaltation, c'est la concentration sur notre routine quotidienne et ordinaire. 

Cependant, si votre esprit est calme et constant, vous resterez hors du monde bruyant même en y étant plongé. 

Par ailleurs, on peut avoir l'impression que je parle de réalisation progressive. Il n'en est rien non plus. En fait, ceci est la voie soudaine, car lorsque votre pratique est calme et ordinaire, la vie quotidienne elle-même est illumination. 

Vraiment, créer avec le "grand Je", c'est donner. 

Lorsque nous oublions le sens fondamental de notre création, nous sommes pareils à des enfants qui ont perdu leurs parents et ne savent que faire.

Evidemment, vivre c'est créer des problèmes. ...Cependant, si nous sommes conscients que ce que nous faisons ou ce que nous créons est réellement le don du "grand Je", alors nous n'y serons pas attachés, et cela ne créera de problème ni pour nous ni pour d'autres.

Votre pratique vous décourage quand elle est idéaliste. Vous avez dans votre pratique une idée d'acquisition et elle n'est pas assez pure. Quand votre pratique commence à vous décourager, ceci dénonce une certaine avidité.

Une autre erreur est de pratiquer pour la joie ressentie. 

La cause d'un conflit, c'est une idée fixe ou une idée partiale.

Quand vous êtes assis en méditation, vous devriez uniquement être assis en méditation; quand vous mangez, vous devriez uniquement manger. Si vous faites cela, la nature universelle est présente.